Echanges avec Najdeh

L’association Najdeh ("secours" en français) a été créée en 1977 par des femmes libanaises et palestiniennes dans le but d’aider le peuple palestinien réfugié au Liban à prendre en charge son propre développement économique et social et de contribuer à mettre en place des services communautaires à l’intérieur des camps.

Aujourd’hui, Najdeh offre aux réfugiés palestiniens de nombreux services ayant pour principaux objectifs de permettre à une partie de la population des camps d’avoir un emploi et d’être autosuffisante. L’association intervient dans différents domaines : jardins d’enfants, formation professionnelle (coiffure, informatique, photographie), ateliers de broderies, aide à la création d’entreprises (épiceries, merceries, salons de coiffure, boutiques de vêtements), activités d’été, assistance sociale aux familles (soutien aux familles les plus démunies, ateliers d’information médicale)… Les actions de Najdeh touchent plus de 4000 réfugiés et ont un impact particulier sur les femmes et les enfants.
La plus ancienne action est l’atelier de broderies qui permet à une centaine de femmes de s’assurer un revenu régulier. Les motifs représentés sur les objets brodés (sacs, trousses, étuis à lunettes...) sont propres au motif des villages d’origine des réfugiés. Ces articles sont ensuite vendus à l’étranger, en particulier en Europe et au Canada, par le biais d’associations-relais, comme Afransaurel en France.

Leïla El Ali est la directrice de l’association Najdeh. Elle va régulièrement à l’étranger afin de participer à des débats et des conférences, auxquels assistent des responsables d’associations ou des personnalités politiques. Ces voyages répondent à deux objectifs précis : présenter d’une part le travail de l’association dans et autour des camps palestiniens au Liban, mais aussi et surtout rappeler à l’opinion publique que le problème des réfugiés constitue une question centrale dans le règlement du conflit israélo-palestinien. En 2004, sur proposition d’Afransaurel, Leïla El Ali a effectué une tournée en France, en partenariat avec la CCFD (Comité catholique contre la faim et pour le développement), la CIMADE et l’AFPS (Association France Palestine solidarité).


Témoignage d’une des participantes d'un voyage au Liban (janvier 2009) : Visites des camps et rencontre avec les responsables de Najdeh

Une dizaine de membres de l’association Afransaurel sont allés au Liban en janvier 2009, ont visité sept camps de réfugiés et ont rencontré les responsables de Najdeh, impressionnantes par leur détermination et leurs compétences.

Environ 270 000 Palestiniens résident au Liban, pays qui compte 4 millions d’habitants. Ces Palestiniens sont réfugiés pour moitié dans onze camps officiellement recensés, d’autres se trouvant disséminés dans des regroupements informels, appelés « Camps non officiels » et dans les villes.





La vision de certains camps, tel Chatila, est indescriptible : imbroglio de fils électriques, canalisations à même le sol, absence de lumière du jour, étroitesse extrême des rues… Les Palestiniens sont confrontés à de nombreux problèmes d’hygiène, du fait des infrastructures déficientes (approvisionnement en eau, évacuation des eaux usées), du fort taux d’humidité (qui accentue les problèmes respiratoires), de la malnutrition (une étude de la FAO révèle qu’un enfant sur dix a une nourriture insuffisante)… A cela s’ajoute que les Palestiniens n’ont pas accès au service public de santé libanais ; l’UNRWA et les rares centres de soins situés dans les camps couvrent partiellement les besoins.
L’association Najdeh coordonne et met en place de nombreux projets sociaux et culturels à l’intérieur des camps. Le travail de coordination et d’organisation des responsables dans ce contexte difficile est particulièrement impressionnant ; les recherches sur les besoins nouveaux font l'objet de rencontres et de dialogues, tandis que des réunions mensuelles de tous les coordinateurs permettent de maintenir une homogénéité dans la réalisation.

Najdeh gère sept jardins d’enfants dans plusieurs camps de réfugiés (l'UNRWA ne prend en charges les enfants qu'à partir de 5 ans) ; ceux-ci sont destinés aux enfants de trois à cinq ans, les activités sont multiples (coloriage, pâte à modeler, dessin, apprentissage des chiffres et des lettres…). Des classes sont destinées aux enfants ayant un retard scolaire, d’autres sont destinées aux mères (apprentissage de la lecture et des chiffres). Najdeh organise également des activités d’été qui concernent six cents enfants (âgés de six à quatorze ans).

Najdeh a un programme de soutien scolaire qui s’adresse aux enfants de plus de six ans. Ce programme permet de combler les faiblesses de l’enseignement, principalement liées à des manques de moyens. L'association propose également des cours d'alphabétisation pour les adultes.

Najdeh a aussi créé des centres de formation professionnelle : ateliers de coiffure, esthétique, formation au secrétariat, informatique (une salle est équipée avec des écrans plats et quelques écrans plus anciens), photographie. Une participation financière est demandée pour chaque formation. Pour ceux qui ne peuvent pas payer, une discussion s’opère entre les parents et le service social qui tient compte de la motivation de l'élève. Les cours sont réputés de très bonne qualité, certains jeunes libanais des alentours viennent en suivre certains.

L'objectif du programme sur les violences domestiques a été initié en 2000 par Najdeh. Le but principal du projet est la réduction des violences domestiques parmi les réfugiés palestiniens par une meilleure utilisation des services de consultation sociale et psychologique. Les causes de violence sont multiples : manque d'intimité dans des logements exigus (une ou deux pièces avec plusieurs enfants), du chômage des pères (problème du droit au travail), de l’absence de perspectives d'avenir ou d'espoir de retour dans un avenir proche ou lointain sur la terre d'origine. Cette situation les condamne à une lutte quotidienne pour survivre.

L'institution du système de micro-crédits de Najdeh soutient les initiatives à la création d'entreprises en priorité pour les femmes palestiniennes. Ces micro-crédits concernent des projets viables tels que : salons de coiffure, épiceries, ateliers de couture, pièces détachées de voitures, boutiques de vêtements et projets agricoles. Najdeh soutient une douzaine de micro-crédits.

A Rashidieh situé non loin de Tyr, les membres d’Afransaurel ont rencontré les brodeuses. Ce sont notamment elles qui fournissent les broderies vendues en France par Afransaurel. Une quinzaine de brodeuses travaillent au coude à coude : l'une brode une écharpe, une autre un coussin, une autre encore un sac Sur un genou celle-ci a le modèle du sac terminé, une autre les accompagne : un bébé dans les bras, elle est venue se détendre et bavarder. Elles se réunissent dans cette maison deux fois par semaine et brodent chez elle le reste du temps.

Les notes de voyage ont été réunies dans un rapport, disponible sur simple demande.