La broderie : un élément important de la culture palestinienne


L'art de la broderie est un moyen pour les femmes palestiniennes des camps du Liban de se réapproprier leur culture. Cette activité joue de plus un rôle économique non négligeable.

En Palestine, la broderie est un élément important de la culture populaire. Du nord au sud du pays, dans les villes et les villages et aussi dans la frange nomade de la population, au désert du Neguev, les femmes palestiniennes portaient et souvent portent encore des robes richement brodées avec des dessins caractéristiques de chaque région de Palestine.

Les motifs étaient inspirés de dessins très anciens, parfois communs aux tapis d'Iran et du Caucase, aux ornements sacerdotaux et aux mosaïques byzantines ou grecques. Les femmes palestiniennes les ont adoptés et en ont créé une infinité d'autres. Elles leur ont donné des noms liés à la culture paysanne comme le cyprès, le palmier, la plume, l'empreinte des pas de la poule et du chameau, le talisman, le peigne etc.


Redonner vie à ce précieux héritage est un des buts des ateliers de Najdeh qui s'efforce d'appliquer des motifs anciens à des objets d'usage courant : housses de coussin, panneaux décoratifs, jetés de table, napperons, sacs, porte monnaies, étuis à lunettes, cartes de vœux, écharpes, jupes, gilets, châles, etc.

Le produit des ventes va en grande partie aux brodeuses elles-mêmes. Les brodeuses sont rémunérées en fonction du nombre de points de croix trouvés dans chaque article terminé. C'est à celles qui ont le plus d'expérience et de savoir-faire que vont les articles les plus difficiles et donc les plus chers. Ainsi Najdeh s'assure en même temps d'une motivation continue chez les débutantes comme chez les anciennes et d'une qualité de travail de très haut niveau.

En moyenne, sur le prix de nos ventes de nos articles brodés, 44 % vont aux brodeuses, 30.1 % pour les matières premières (fils et tissus), 8.4% pour le finissage, et 16,6 % pour les frais de fonctionnement (y compris les salaires pour les responsables des ateliers).

Les ateliers de broderie fonctionnent non seulement comme unités de production, mais comme unités sociales où les brodeuses et leurs familles trouvent toute une panoplie de services sociaux (jardin d'enfants, crèches, aide médicale et éducative) et de formation professionnelle, cours d'alphabétisation et d'hygiène familiale, grâce à l'encadrement proposé par l'association Najdeh qui participe ainsi au mouvement d'émancipation des femmes.

En 2009, 78 brodeuses ont été employées.

Ce nombre varie selon les années, il est en baisse par rapport à 2007 (101 brodeuses en 2007)., l’activité de broderies d'Al Badia (marque commerciale de Najdeh) ayant été fortement affectée par la crise économique mondiale. L’activité a de plus été durement affectée par la guerre du camp de Nahr El Bared (l’atelier de broderies a été détruit).
Comme tout vêtement, le vêtement palestinien est porteur de signes multiples. Les détails des broderies, les couleurs de base utilisées, le choix des coloris des plastrons, la variété des points… sont autant d'éléments indicateurs et révélateurs de l'appartenance régionale (Galilée, Hébron, Bethléem..) ou géographique (habitantes des plaines, de la montagne ou du littoral), du statut civil (mariée, célibataire, veuve…), du statut social (appartenance urbaine, villageoise, tribale, agricole..), de l'âge (robes claires pour les jeunes, couleurs plus sombres pour les plus âgées), des croyances et des superstitions. Le vêtement devient alors langage social.


Par sa forme, sa coupe, son modèle, son style, par le matériel utilisé, la texture des tissus, les motifs et les couleurs des broderies, les coiffes, la parure du visage, c'est l'histoire de chaque femme qui est contée.


Protéger l'héritage, les savoirs et la culture de la Palestine face à l'entreprise de démolition, de destruction et d'anéantissement engagée par l'occupation israélienne, réhabiliter et défendre le patrimoine hautement symbolique des villes et villages palestiniens, sauver Jérusalem, Bethléem, Naplouse et Gaza gardiennes de ce patrimoine depuis des siècles et soutenir la survie de l'identité palestinienne à travers ces broderies de l'espoir, tels sopnt les buts de Najdeh. L'association (sous la marque Al Badia) s'emploie à fournir du travail aux femmes palestiniennes des camps de réfugiés du Liban dans le but d'assurer la sauvegarde de l'héritage culturel national tout en leur offrant l'accès à une activité valorisante.